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Cher Marchand de sable, Cher Morphée,

Depuis un bon mois déjà, vous m'avez délaissée. À peine m'accordez-vous trois ou quatre heures par nuit de repos. Ou devrais-je dire, de répit ? Oh, j'exagère un peu, parfois, je compte cinq heures du sommeil de la Juste, et je m'en trouve presque transportée de joie.

Marchand de sable, vous m'oubliez dans la distribution de vos bons rêves et vos vœux d'apaisement nocturne. Morphée, vous me refusez obstinément le réconfort de vos divins bras. Qu'ai-je donc pu faire pour mériter un tel mauvais sort ?

Alors, je passe mes nuits à gamberger, à sonder les moindres recoins de mes pensées. Ah, mes pensées, infinies et tumultueuses, effrayantes et créatives ... Et je m'esquinte à raisonner les vagabondes, à rappeler à l'ordre les idéalistes, à gronder les trop folles d'espoir.

Alors, épuisée, je verse quelques larmes silencieuses au milieu de la nuit. Vous vous en moquez bien, marchand de pacotille, dieu d'opérette. Vous vous en moquez bien. Je sais, pour vous je ne suis rien, je ne suis personne. Pas plus qu'un grain de sable emporté par le vent.

Pourtant ... N'avais-je pas droit à vos privilèges, naguère ? Quel crime atroce ai-je bien pu commettre ? M'aiderez-vous un jour à refermer ma boîte de Pandore ? Ou finirais-je usée, vaincue de n'avoir point fermé l’œil ? Me direz-vous qu'elle est ma faute, mon si grand crime au regard de votre tribunal de l'obscurité ?

Mais peut-être, cher Marchand de sable, cher Morphée, consentirez-vous simplement à me laisser dormir. Rien qu'un peu. Une nuit complète, serais-ce trop demander ? Vous seuls connaissez le bouton off de mes pensées, des plus sombres aux plus idéalistes. Je vous en conjure, rien qu'une seule nuit pour oublier.

Voilà, cher Marchand de sable, cher Morphée, mes revendications sont simples, et, vous en conviendrez, fort peu extravagantes. J'ose espérer que vous les entendrez. Oui, j'ose ce fol espoir d'être entendue. Comprise, non, n'exagérons rien. La nuit est dans votre camp. Elle me fait peur. Permettez-moi de sur elle fermer les yeux.

Une apprentie insomniaque anonyme.

Tag(s) : #Quotidien
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