Les grèves sauvages, oui ... mais non

L'accord de gouvernement fraîchement sorti a de quoi énerver, moi y compris. Et le mot est faible. Les syndicats, en concertation, prévoient une grande manifestation le 6 novembre, des grèves par provinces ainsi qu'une grève générale le 15 décembre. J'en serai. Pourtant, les grèves, les manifs, ce n'est vraiment pas mon truc. Je trouve qu'en général ça ne mène à rien, sauf quand on possède un pouvoir de nuisance important. Sauf quand la mobilisation est réellement générale et solidaire, comme j'espère qu'elle le sera pour ces actions annoncées.

Le pouvoir de nuisance, c'est la prinicpale arme de la SNCB. On bloque les trains, ça emmerde un bon paquet de monde. Mais ça emmerde surtout les gens comme moi, qui vont bosser tous les jours en train. En plus, je n'ai pas de voiture, alors bon, faire Liège-Bruxelles en bus ou en stop ... euh, comment dire ? J'oublie. Heureusement, je ne suis pas indispensable au poste que j'occupe. Heureusement, je m'en fiche un peu de mon travail, alors je prends ça comme un jour de congé.

Dans ma boîte (mon administration), la règle est la suivante : en cas de grève des trains générale et nationale, on nous accorde une demi-journée, et on doit régulariser l'autre demi-journée par une demi récup' ou un demi congé. Aujourd'hui, c'est uniquement à la gare de Liège Guillemins que les cheminots ont débrayé. Comme ça, ce matin, sans préavis. Alors bon, en théorie, je ne devrais pas bénéficier de la règle accordée par ma boîte. Cela dit, comme tout était bloqué, je devrais pouvoir négocier et l'obtenir quand même. Au passage, j'y laisserai mon tout dernier demi-jour de congé de l'année.

Je ne râle pas sur le fond. Je suis solidaire de la colère et de l'écoeurement face à ce que notre nouveau gouvernement nous prépare. Mais, je ne peux pas m'empêcher de penser que ces actions sauvages sont néfastes à la cause qu'elles prétendent défendre. Ces actions déforcent le combat, et ne font en réalité qu'énerver les usagers des transports en commun qui sont pris au dépourvu et n'ont pas pu s'organiser en conséquence. Quant au gouvernement, il s'en moque bien que ça débraye un jour à La Louvière, un autre à Charleroi et le lendemain à Liège.

Encore, pour moi ce n'est pas trop grave, mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir "un demi-jour gratuit" en de telles circonstances.Mais, je ne peux pas m'empêcher de trouver les cheminots bien égoïstes sur ce coup, alors qu'il s'agit vraiment de se serrer les coudes. Nous sommes tous dans la même galère. Et ce n'est pas en nous dispersant que nous pourrons vraiment faire entendre notre voix. Mais pas comme ça. Vraiment pas.

Et puis, je ne dis pas ça pour râler, mais si ça continue, je vais devoir puiser dans mes congés sans soldes. Vous savez, ces jours où on n'est pas payé ? Et même ceux-là, ils sont limités. D'ailleurs, je les ai déjà entamés cette année, tout ça pour louper ces fichus examens. Oh bon ça va, je ne suis pas dans la galère, je sais qu'il y a des situations bien plus précaires que la mienne. Situations contre lesquelles il faut se battre de toute urgence. M'enfin, je ne roule pas sur l'or non plus.

Alors oui, bon, quand même je râle un peu que la SNCB se trompe de cible. Et, j'en suis sûre, dans toute cette histoire, le salut viendra de la solidarité, pas de la division, ni des petites actions égoïstes non-concertées. Qu'ils réfléchissent un peu, pour une fois !

P.S. : Ah j'ai oublié un truc ! Par contre, les actions symboliques comme bloquer le train de la nouvelle ministre des transports, là je dis oui, bien vu. Là au moins on vise la bonne cible.